jeudi 3 août 2017

Lecture (poésie de Haïti) : Peter CENAS, "21 POÈMES POUR ELLE", Collection LE SOUFFLE, Editions INFERNO (Haïti), 2017.


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Après un « Mot de l’éditeur » (Gérald COMPÈRE), une présentation de W. VIXIMAR, A.K FECZIL et W. MOÏSE et un prologue de R. NDEBI, nous entrons dans le vif du sujet.
Pierre Richard LAVILETTE, de son nom de plume Peter CENAS est, on le repère d’emblée et tout au long de son recueil élégiaque qui verse volontiers dans la veine surréaliste ou, à tout le moins, « surréalisante » au plan de l’expression verbale, est un poète jeune, plein de fougue. Il exhale son amour incandescent, plus que passionné pour une femme (ou pour LA FEMME en général – parfois, l’on ne sait pas trop bien) dans une sorte de grand souffle qui ne recule pas devant la démesure, une démesure presque « cyclonique ».
Dans ses poèmes en vers libres ou dans ses textes de prose poétique échevelés, il idéalise la jeune femme aimée – que dis-je ? adorée (Ô elle n’est pas humaine), magnifie les fièvres et douceurs sensuelles qu’elle lui fait (ou lui a fait) vivre et, dans des termes baroques et riches qui ont quelque chose de fascinant, exprime ce qui ronge son esprit par ailleurs manifestement tourmenté, poussé à la quête : une aspiration à la fusion, tant érotique que « spirituelle ».
On peut sans peine voir en cette œuvre un « cri de manque », une manifestation de souffrance liée à l’incomplétude (ontologique ?) : Ô ces nuits de vide ; […] des tonnerres de vide ; Tous les trottoirs somnolents / Murmurent ton départ / Les grands carrefours /  N’offrent plus ton souffle […].
Malheureux un peu à la manière des poètes français de l’âge du Romantisme ou même des « poètes maudits » ( […] je serai éternellement un rêve avorté, un navire fracassé ; car la vie ne m’aime pas. Je ne l’aime pas non plus.), exalté, possédé, il voit en la personne de l’aimée un facteur de consolation, de réparation quasi vital, mais aussi une créature obsédante, dont il ne peut pas se déprendre ; en cela, on peut penser qu’il exprime la dualité propre à tous les amours-passions.
C’est tout à fait volontairement qu’il se laisse emporter par ses mots, qu’il s’accroche, en quelque sorte, à la magie du verbe ; il a, on le sent là encore, avec les mots, un rapport extrêmement sensuel, qui implique la délectation : par-delà sa fonction strictement expressive, il aime le mot pour lui-même.
Habité par une espèce d’errance d’âme en peine un peu labyrinthique qui, dit-il, chemine A l’ envers de toutes les ruelles / endormies  de son île où il cherche, en vain, la délivrance, il fait énormément référence aux éléments naturels (mer, nuages, vent, arbres, nuit, astres) dans ses métaphores – à l’instar, du reste, de beaucoup d’autres poètes de chez lui.
Malgré, ici et là, quelques menues maladresses sans doute imputables au trop-plein de fougue, Peter Cénas m’apparait, au travers de ce livre, comme un jeune poète vigoureux, spontané, tout à fait capable de rendre les déchirures qui le hantent ; par conséquent, plein d’avenir. Il faudra le « tenir à l’œil »…
Pour s’en convaincre, ne suffit-il pas de découvrir des pépites telles que  A l’heure où la lune / Allumera sa lampe / Sur le dos des chauve-souris ? Ou encore :
[…] étoiles / En vêtement de nuages,
[…] la frimousse d’ange hurluberlu d’une nébulosité,
[…] l’écorce bleutée du ciel,
Je trépasserai en galopant contre l’existence,
[…] un zéphir noctambule,
[…] le sauve-qui-peut /  Des étoiles,
Quand le vent / déhanche les forêts,
[…] la mousse des nuages fébriles,
[…] ton odeur / Un nuage de toi / Jeté sur mes paupières ?









P. Laranco.


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