dimanche 23 juillet 2017

Lecture (poésie française) : Richard TAILLEFER, "CE PETIT TROU D’AIR AU FOND DE LA POCHE", éditions PREMÉDIT, 2017.




La splendide couverture sombre de ce recueil de près de 100 pages reflète bien sa nature. Avec cette nouvelle œuvre, où chaque texte reste fidèle au style « tailleferrien » fait d’une combinaison de prose et de vers libres, le poète-philosophe nous offre un livre grave, aux allures de bilan.
Empathique et toujours en retrait, désabusé et cependant toujours porteur de tant d’espérance, résigné et cependant immensément interrogatif (Devant toutes ces choses faut-il se contenter d’exister ? ; Peut-être vaut-il mieux / Vivre sans rien savoir / Mourir sans comprendre), inquiet qui pourtant sait s’abandonner aux menus mais denses bien-êtres du « carpe diem », Richard se décrit comme un homme qui, à présent, chemine vers le soleil couchant.
Voilà qui, sans doute, exacerbe encore son énorme attention aux choses qui l’environnent, de même que sa conscience aiguë de ambiguïté de l’univers, cette forêt de paradoxes.
Quelle est la nature de la réalité ? Dire simplement ces choses si complexes est-il seulement envisageable ?
Quid de cette Tranquille turbulence que cette sensation d’être ou pas. ?
Malgré sa lassitude, sa solitude, Richard continue de chercher. Il peut tout aussi bien vous parler du péril que représentent les soubresauts xénophobes qui agitent le monde occidental ou de la tragédie des réfugiés en provenance du Tiers-Monde que des charmes  de son village, de sa Provence qu’il aime avec enracinement, avec chaleur. Bien que contemplatif, distancié, il ne cède pas à l’indifférence. Tout l’interpelle et néanmoins il ne se laisse submerger par rien. Même pas par le sentiment de manque, de perte, de fragilité qui demeure très présent dans son écriture.
Que savez-vous […] ?, s’interpelle-t-il lui-même. Nous interpelle-t-il.
Lui, au moins, sait que Le réel / Est plus invraisemblable / Qu’une métaphore hasardeuse.
L’humble Richard, l’homme (le sage, devrait-on dire) qui n’attend plus rien et qui […] apprend à passer (quelle expression magnifique !) apprivoise son propre mal-être : Ce que je crois savoir est toujours si différent de ce qui est. Lourd de pensées muettes, il connait l’opacité de l’inexprimable, de l’incommunicable, de l’inaccessible, et « fait avec ».
Il fait défiler les souvenirs, les évocations relatives à sa vie et à sa routine (et c’est en cela que ce recueil constitue, aussi, un livre très personnel) d’oiseau solitaire qui aime les autres, mais avec une pudeur touchante. Il célèbre Ce bref petit instant d’immortalité fugitive qui, au fond, peut-être, résume tout le reste.
Un livre souvent poignant qui a de quoi nous laisser pensifs, nous faire réfléchir.









P. Laranco.




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