vendredi 12 août 2016

Un texte de Gillian GENEVIÈVE (Île Maurice).

Entre nous, il y a la lumière; il y a ce ciel sans nuages aussi, tout comme ces mendiants à demi dévêtus, la laideur des faubourgs, l'odeur nauséabonde des caniveaux, les chiens errants et l'indifférence de ces passants désincarnés.


Mais, il y a surtout tes yeux, à demi-clos, qui peinent à cacher cette possibilité de l'ailleurs, de cette transgression à venir, de cet interdit qui t'aimante et qui nous occulte même quand tu te blottis tout contre moi.


Et je ne suis pas dupe, tu sais. Et je ne ris plus avec les dieux. Et je n'ai plus envie de croire au soleil ni à l'évidence de la mer. Je ne cherche même plus les éraflures de la mémoire et de l'hiver. Je suis dans le silence et je me cache de ce vent léger où flottent les désirs et les mots qu'il faut oublier.


Aujourd'hui, je ne cherche plus qu'à me taire; je ne cherche plus qu'à raturer les manuscrits, qu'à défaire le récit de chaque instant, qu'à combler les sillons de l'aube, qu'à narguer la sécheresse de ces nuits où tu continues, perfide, à faire semblant à chaque caresse, à chaque baiser, à chaque vers psalmodié.


Mais je refuse le déni, tes lèvres, ton parfum et le parchemin de tes mots d'amour.


Et la terre qui nous portait a cessé de trembler. Et je ne tressaille plus quand tu es là. Et je ne balbutie plus quand je te revois. Et je ne m'inquiète plus quand tu t'absentes.


Il y a entre nous ton cœur changeant, une hésitation dans le rythme et le flux quand je suis là; de la désinvolture et des oublis quand je ne suis plus là.


Tu vois, je ne suis plus que moi. Et tu n'es plus la condition de ma parole et du poème.


Entre nous, il n’ y a plus qu'une page blanche.


Elle me sera utile. Pour ne plus te nommer.


À chaque instant.





















Gillian GENEVIÈVE.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire