vendredi 29 juillet 2016

DU COQ A L'ÂNE (réflexions).

Être…Est-ce un choix, ou un hasard ? Est-ce une logique inéluctable ? Est-ce l’expression d’une pulsion créative externe à ce qui est ? Est-ce une construction, une émanation de l’être par lui-même ?
Est-ce le résultat d’un processus mécanique, de type holographique, informatique, ou thermodynamique ?
Est-ce un possible, une sorte de virtualité qui aurait pris corps ? Une illusion –partielle ou totale – que fabriquerait notre propre perception-conscience si particulière ?
Sommes-nous vraiment ? Ou ne sommes-nous que parce que nous croyons que nous sommes ?





Cataloguer quelqu’un, c’est en faire une espèce de caricature. C’est le tronquer, nier toute la complexité qui siège en lui.
C’est étrange, mais c’est ainsi : le cerveau humain, organe d’une complexité sans doute unique et abyssale, est un grand fan des simplifications – dans certains cas, les plus abruptes ; n’ont-elles pas, il est vrai, la vertu de lui épargner de trop grands efforts ?






Un néocolonialisme travesti en féminisme ? Pas d’accord !





La dramatique « grande chasse aux sorcières » européenne  des XVIe  et XVIIe siècles fut une « invention » française (et laïque, au sens où elle ne mobilisa qu’assez peu, au final, les tribunaux ecclésiastiques et l’institution de l’Inquisition), qui fit ensuite rapidement tâche d’huile dans toute l’Europe de l’Ouest (en particulier les régions alpines et rhénanes où elle culmina).
Ce phénomène tragiquement irrationnel et unique en son genre que fut la chasse aux sorcières alla de pair avec les toutes premières émergences de l’idée de nation, de patrie. (*)


(*) Cf. l’ouvrage fort intéressant et remarquablement complet de l’historien Guy BECHTEL LA SORCIERE ET L’OCCIDENT – LA DESTUCTION DE LA SORCELLERIE EN EUROPE DES ORIGINES AUX GRANDS BÛCHERS, Plon, 1997.










En un certain sens, l’Histoire – même la plus lointaine dans le temps – est toujours bien vivante ; elle appartient tout autant au présent, à l’avenir qu’au temps révolu. Ici, maintenant, nous continuons, à notre insu, d’en vivre nombre de conséquences invisibles, mais bien réelles. Oublier l’Histoire, dire d’elle « c’est du passé », comme si elle ne nous concernait plus ni n’agissait sur nous ne me parait pas un bon calcul.





Souvent, le meilleur moyen de risquer de se faire rejeter par les gens est de souhaiter être avec eux.





Tuer la confiance en soi de l’autre ; telle est la logique de tout oppresseur, de toute démarche d’oppression, d’emprise.





Le doute est un inconfort que seuls peuvent soutenir les esprits « trempés », déjà dotés d’un équilibre intérieur passablement solide (assez solide, en tout cas, pour leur permettre une pensée « souple »). Mais, de plus il est une manière de « vertige » qui, lorsqu’on sait le manier, « faire avec », peut vous valoir une réelle griserie.






Si vous ne désirez pas souffrir, le seul conseil que je puisse vous donner est de ne pas trop vous impliquer dans les relations et dans le monde. L’état d’implication minimale et la distanciation qu’il apporte vous permettra, au surplus, d’affiner la qualité de vos observations et donc, de mieux comprendre (si tant est que ce soit possible).





Chercher, ça fait passer le temps. Comme n’importe quoi d’autre sur terre.
C’est histoire d’écarter l’ennui.
On cherche. Cela donne un but. Peu importe, au fond, ce que l’on cherche au juste.
Un sens à la vie ? Mais quel sens ?
Un sens à nous ? Mais pourquoi faire ?
Certain(e)s choisissent de rêver. D’autres plongent dans le travail. D’autres dans l’alcool ; le coït.
D’autres se raccrochent à l’Âmour. D’autres aux maths et aux équations. D’autres à l’art, à la poésie.
Notre vie doit être remplie. Un peu comme une pièce vide, qui nous déprime, si elle est sans meubles.
Pourquoi ne pas la bourrer de questions ?
L’activité pensante de notre boite à neurones et à synapses ne s’auto-alimente-t-elle pas ?
Le cerveau a d’abord été un outil qui nous a permis de mieux survivre. Ensuite, il a « renversé la vapeur », et a pris de plus en plus de place. Il s’est mis à avoir ses exigences propres, liées à son fonctionnement propre. Il est devenu une sorte de machine à connaitre, à comprendre, à questionner. Il s’est fabriqué des réponses à ses innombrables interrogations. Puis l’ interrogation pure a fini par prendre le contrôle, angoissante, stimulante ; ouverte.







Les « bobos » ont un nouveau totalitarisme : celui de la paix idyllique, utopique, du « vivre ensemble » obligatoire, probablement hérité du bon vieux « peace and love » des défunts hippies. Sauf que, la plupart du temps, dans la pratique, ils vivent entre eux. Entre bourgeois cultivés qui, mine de rien, forment des sortes de citadelles.
Chantres du soi-disant métissage obligé, ils s’imaginent cosmopolites.
Mais qui se métisse, en réalité, le plus ?
Les « petits Blancs » encore relégués dans les cités HLM « sensibles » les moins « reluisantes » qui mêlent les catégories sociales de toutes origines ethniques de la « France d’En-bas ».
Pour ma part, j’ai vécu une bonne dizaine d’année dans l’une de ces cités et, ensuite, douze ans dans un quartier qui se gentrifie de plus en plus. Cela m’a amplement donné l’occasion d’observer, d’analyser, de réfléchir. Et de comparer les deux milieux.
L’aspiration au « cool », au « zen » édénique est une aspiration bourgeoise. Elle postule que tous les problèmes sociaux ont été évacués, résolus, tant à l’échelle de l’environnement immédiat qu’à l’échelle planétaire.
C’est un nouveau « bourrage de crâne » qui, pour être très branché, très postmoderne et très « New Age », n’en supplée pas moins les anciens bourrages de crâne bien connus des Chrétiens.
Et, dans cette construction-garde-fou, l’islam fait figure d’antithèse, d’épouvantail hyper-violent réduit à ses seules dérives fanatiques (au demeurant, hélas, très à l’ordre du jour).
Nouveaux oripeaux, mais même façon de manipuler, de « tenir en respect le réel » pour maintenir le statu quo social libéral-capitaliste.





Nous avons toujours besoin du déjà connu pour faire face à ce qui ne l’est pas.
D’où, sans doute, notre obsession de la comparaison, de l’analogie, de la métaphore.





Les mots sont un filet qu'on jette, pour emprisonner le réel. Pour se l'approprier, en somme. L'Homme est un appropriateur.
Cependant, à ce qu'il semble, le réel est fait de petits poissons - si ce n'est même de colonies de krill, de plancton, ou de cyanobactéries qui passent au travers avec une singulière allégresse. Comme si de rien n'était.
Donc, les mots filtrent le réel, ça se limite à ça. Et encore...





Mots solaires et mots scolaires...à ne pas confondre !





Observer. Ce n’est pas aimer. Ce n’est pas détester non plus.
Cela implique, toujours, une certaine atténuation de l’engagement. Cela exclut, toujours, l’abandon aux réactions trop émotionnelles.
C’est pour cela qu’observer est très difficile pour nous, humains.





Le drame des poètes, c’est, peut-être, de n’être lus que par leurs confrères/consœurs.
Evidemment, cela peut présenter, quelquefois, certains avantages.
Être lu, commenté, critiqué (constructivement et avec « fair-play ») par un(e) autre poète, ce n’est jamais à négliger. Toutefois, il est indubitable que nombre de poètes se trouvent affligés d’un ego surdimensionné qui n’est pas sans friser l’autisme (je vous renvoie ici à un jeu de mot fort perspicace de l’écrivaine mauricienne Ananda Devi sur « artiste » et « autiste », glissé dans l’un de ses romans), lequel les porte fréquemment  soit à la totale indifférence à tout ce qui provient des autres, soit encore à une forme de susceptibilité exacerbée à caractère vaguement paranoïde (et très proche du sentiment de « menace », de « rivalité ») qu’encourage au demeurant grandement le mode de fonctionnement contemporain.
De ce fait, il résulte que, souvent, les rapports entre poètes sont loin d’être faciles.
Je comprends dès lors pleinement le désir  que peuvent ressentir certains poètes d’aller respirer ailleurs un air plus « pur » que celui qui, parfois, pollue leur microcosme.





La misogynie a toujours intérêt à exagérer outrageusement les différences qui peuvent exister entre les deux sexes. Car cela aide bon nombre d’hommes à continuer à cultiver l’opinion (fréquemment sous-tendue par des peurs irrationnelles tenaces) que les femmes ne sont pas tout à fait humaines et, donc, à les tenir en lisière de la sphère culturelle et publique, qu’ils regardent comme leur « pré carré ».





Être métis, souvent, vous prédispose à percevoir les nuances.





On a tout dit. Mais il n’est jamais inutile de le répéter. Parce que l’Homme ne retient que ce qu’il lui convient de retenir. Parce que les idées peuvent connaitre des « traversées du désert », qui sont parfois loin d’être courtes. Parce que dans le désordre, la grande clameur de l’Histoire, l’oubli et/ou la déformation des idées/concepts sont des plus faciles. Parce que les conservatismes et les régressions mentales, sociétales ne disent jamais leur dernier mot (à cause de la peur, ou de l’entêtement).





P. Laranco.








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