mardi 6 janvier 2015

Rions un peu avec...Patricia LARANCO .

JAMAIS CONTENT !


Il se cache à Cachan
mais hier, c'était à Hyères.
Arras le harassait,
le hérissait aussi;
à Pontoise, on le toisait
et l'on lui cherchait noise;
tandis qu' Amboise lui 
paraissait trop boisé.
A Chamonix, il chercha en vain les chamois
comme à Champigny il chercha les champignons.
A La Haye, il trouvait trop grand le nombre des haies,
à Pau, il fut pris d'envie de changer de peau.
A Avalon, il n'avalait plus rien - pourquoi ?
Au Perreux, où n'abondent guère les peureux
il eut de suite l'intuition qu'il paierait.
A Bastia, il évita de peu la baston,
à Cannes, les cancannages le rebutèrent
à Nantes il se trouva confronté aux nantis,
à Rennes, il s'attendait à trouver des arènes.
A Bondy, il bondit sur le premier venu.
A Palaiseau, où était le Palais des Eaux ?
A Creil, il prit l'habitude de crayonner
toutes les faces de craie qui hantaient le lieu,
à Outreau, bien entendu, il fut outré
mais s'en consola en excellant à Bruxelles.
A Saint-Malo il s'initia au maloya,
à Saint-Aubin il dénicha d'autres aubaines;
il contempla l'aube pas très loin d'Aubenas
et, à Saint-Mandé, décida de s'amender.
A Genève, il tomba en amour d'une jeune Ève,
à Milan, il rêva d'un amour de mille ans
mais à Reims, voilà qu'il fut malade des reins
et, du coup, à Rome, il oublia sa romance
en sorte que la Suissesse se suicida.
"Quelle poisse ! " pesta-t-il non loin de Soissons.
Il ne sut plus par la suite où porter ses pas : Tarente...
ou les Charentes
- ou pourquoi pas Madrid ?
Une fois là, il débita ses madrigaux
puis alla traîner sa carcasse, sa crasse à Caracas,
il carapata son carcan, sa carapace
brusquement, au galop, jusqu'aux Galapagos
puis décida de rouler sa bosse à Boston
mais il trouva les nouilles meilleures à New-York.
A Montréal, le réel le faisait râler,
Minneapolis, ses minets et sa police
le déçurent aussi, autant que Chicago
où il fut loin, en arrivant, de penser : "Chic !"
il se contenta donc d'y chiquer dans son coin
puis gagna Vancouver : c'était couvert de vent !
Pékin lui parut regorger de péquenots
quant à Canton, il ne s'y cantonna qu'un temps.
Il dépassa un peu les bornes à Bornéo,
il assista à mille délits à Delhi
et essaya de bomber le torse à Bombay 
mais ça ne marcha pas, et les gens de Madras
lui apparurent aussi ladres que madrés;
il prit donc alors pour chemin Tananarive
où, à ce que disent bien des gens, tout arrive
et c'était vrai, alors il partit pour Dakar
car on dit que là-bas, les gens sont tous d'accord.
Ayant voulu marcher sur des braises au Brésil,
il préféra viser les oranges d'Oran
où, comme il arrivait, s'enragea un orage.
Il décida de passer la mer surannée,
celle qui fait méditer au milieu des terres
et s'en revint parmi les vignes d'Avignon
pour, au final, passer son grand âge à Agen.







Patricia Laranco.

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