mardi 9 septembre 2014

Une photopoésie de Patricia LARANCO : LA CHIMÈRE.


LA CHIMÈRE.


Dans le vide de la lumière
on court
jusqu’à n’en plus pouvoir ;
on n’en finit pas de bondir,
de glisser vers des horizons
abritant
des mirages clairs
au fond d’immenses glacis nus
surfaces cirées et glacées
que l’on traverse en pure perte.


Dans le vide de la lumière
on s’enfonce, car tout est creux
comme en une coque de noix
ou
à l’intérieur d’un tunnel
qui soi-disant vous conduirait
mais ne vous conduit
nulle part.


On est lancé à fond de train
à la poursuite d’illusions,
d’objets dont les brillants contours
et masses semblent à tout coup
saisis d’un brusque mouvement
d’évanouissement, de recul
dès lors que
vous vous approchez
en croyant
les avoir atteints.


Il arrive parfois aussi
qu’on rencontre des escaliers
monumentaux, intimidants
qui barrent l’horizon en sphinx
et vous invitent incontinent
à grimper leurs degrés trop hauts,
trop étroits ou trop biscornus
jusqu’à complet épuisement,
souffle court, élan fauché net
et muscles dévitalisés
dans le vent des cimes râpeux
qui tourne – et sans cesse s’envole !


Dans le grand vide lumineux,
ce lieu sans localisation,
cette immensité délestée –
doux et scialytique néant –
l’on poursuit
des rêves sans fin
et sans suite, insubstantiels
qui se nourrissent à la clarté,
qui vivent de vent et d’embruns,
de simple espace
en expansion,
d’élastique extension
qui fuit
tel un moutonnement neigeux,
un floconnement
de la nue.


On s’éparpille et l’on s’épand,
l’on se disperse dans l’azur,
dans la faïence immaculée,
parmi les pâles filaments


et l’on s’éprend
de l’étendue
dont vous caresse
le duvet ;
le voyage
défie le temps.


Nulle escale et nul autre but
que la chimère au brumeux chant
toujours fichée
dans les lointains
comme une promesse indistincte !























































Texte et photo : Patricia Laranco
(Tous droits réservés / All rights reserved).

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