lundi 1 septembre 2014

PARIS EN AOÛT, poème de Patricia LARANCO.

Paris en août,
Empli d'un silence irréel;
Transformé en vaste labyrinthe désert
Où l'inertie du soleil
Se colle aux trottoirs
Semés seulement, ici, là, de loin en loin
De silhouettes rares, légères, aériennes
Semblant flotter comme corps en habit trop grand.
Paris, comme dans un film de science-fiction,
Méconnaissable au point qu'on peut s'imaginer
En fermant les yeux, planète vidée d'humains.
Rendue à son seul enroulement spatial
D'avenues, de places au souffle étale et stagnant,
De murs grumeleux et ruelles bosselées
Au cheminement torve, souvent claudiquant,
De pavés fluides comme écailles de poissons
Ou bulleux, bulbeux comme des chicots, des cloques,
La cité s'endort, nonobstant ses monuments,
Ses splendeurs solennelles un peu fatiguées;
Elle s'abandonne juste au vent maraudeur
Qui vaque, indolent, déployant ses grands lassos
Prompts à faire poudroyer son masque de craie.
Livide par la grâce du jour blanc, béant
Comme par celle de ses bétons dénudés,
Elle attend - dirait-on - des pas d'explorateur
Sonores et solitaires, qui accepteraient
Enfin, de suivre avec patience ses détours
Et d'épouser ses méandres vertigineux
Plus immobiles, énigmatiques, évidés
Que s'ils n'étaient qu'aortes expurgées de leur sang
Pour les faire à nouveau résonner, frissonner
Dans une griserie
Qui n’aurait pas de fin !



Patricia Laranco

1 commentaire: