samedi 28 juin 2014

Un texte de Patricia LARANCO, FER ET CHAIR.

Le fer est dur.
Le métal est implacable, ses angles aigus.
Le fer, le métal ne sont-ils pas les antithèses de la chair ?
Ne menacent-ils pas continûment de la déchirer, de l'éclater, de la ramener à l'état de néant ?
Lorsque le ciel prend la dure, la froide couleur du métal, tout devient stérile.
La chair en est réduite à errer, entre les structures acérées. Elle pense, à raison, qu'elle ne reverra jamais le soleil.
Elle est submergée par des torrents de ferraille, de feu, de nuit, de peur moite.
Tout, autour d'elle, dégouline de pluie glacée, d'humidité poisseuse.
La chair n'a qu'un choix : se fracasser, tôt ou tard, contre les blocs hérissés, les surfaces denses. Se laisser broyer, crucifier, réduire à une poignée de lambeaux rouges.
Le fer, peu à peu, prolifère, envahit le sol; ronge l'espace.
Ne reste bientôt plus, pour lui donner la réplique, que la terre transpirante, sans vie. En bien des endroits, aussi béante et aussi obscènement nue et gluante qu'une tranchée; aussi écartelée, sanglante qu'une vulve mise à mal par un viol.
Quand le fer est là, partout, il pleut; la chair est flagellée de pluies saumâtres. De pluies corrosives, qui l'attaquent, et contre lesquelles elle ne fait pas le poids.
Elle est cernée. Prise en étau entre l'ombre, le froid et l'acier dur, sourd.
Elle titube sur les cendres; entre les carcasses métalliques et mécaniques, qui sont aussi compactes qu'inhumaines. Là où elle n'a pas de place.


Patricia Laranco.


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