lundi 30 juin 2014

A lire (pour réflexion), cet article de Jean-Louis RACCA, publié en février 2012 : "JE SUIS DE GAUCHE, ET J'EMMERDE LA PSYCHANALYSE !"

http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-louis-racca/160212/je-suis-de-gauche-et-j-emmerde-la-psychanalyse

Un poème de Dana SHISHMANIAN ( Roumanie) : JONAS LIBÉRÉ.


Comme une aiguille fine
à travers les entrelacs d’un tissu
le souffle du cœur perce
l’épaisseur du réel
s’y glisse en l’ouvrant
tel le ventre géant
d’une baleine
des couleurs des sons
des mots inconnus
inondent la fente
gonflent dans l’embouchure
débordent la blessure
retournent la peau endurcie
mon esprit se faufile dehors
dans le non espace
mon corps se dissout dans le flot



Dana SHISHMANIAN,
in Plongeon intime, Editions du Cygne,
collection Poésie francophone, 2014.

Un texte de Gillian GENEVIÈVE (Île Maurice).

Il ne faut pas titiller les Dieux et l'infini.
Il nous faut des rêves à hauteur d'homme pour ne pas rompre le pacte qui nous lie au temps et au cosmos.
Naître, vivre, mourir. Cela est notre juste destin; cela est notre juste place dans l'histoire et le tout. Il nous faut mourir pour que la vie perdure et pour que la conscience, ce mystère né de la contingence ou de la nécessité, puisse continuer à faire le récit de la lumière et des tourments de la nuit.
Il ne faut pas titiller les Dieux et l'infini.
Se laisser prendre par la vague et le vent, se glisser dans les interstices du jour par jeu ou porté par le hasard, aimer, se blesser, vivre et mourir un peu à chaque instant en attendant le crépuscule, le silence et la nuit, tel est le sort enviable des hommes; telle est ma place dans le cours des choses, telle est ma place dans le cours du temps.
Je vis, j'ai encore quelques rêves, je sais que je vais mourir. J’attends.



Gillian GENEVIÈVE.


samedi 28 juin 2014

Un texte de Patricia LARANCO, FER ET CHAIR.

Le fer est dur.
Le métal est implacable, ses angles aigus.
Le fer, le métal ne sont-ils pas les antithèses de la chair ?
Ne menacent-ils pas continûment de la déchirer, de l'éclater, de la ramener à l'état de néant ?
Lorsque le ciel prend la dure, la froide couleur du métal, tout devient stérile.
La chair en est réduite à errer, entre les structures acérées. Elle pense, à raison, qu'elle ne reverra jamais le soleil.
Elle est submergée par des torrents de ferraille, de feu, de nuit, de peur moite.
Tout, autour d'elle, dégouline de pluie glacée, d'humidité poisseuse.
La chair n'a qu'un choix : se fracasser, tôt ou tard, contre les blocs hérissés, les surfaces denses. Se laisser broyer, crucifier, réduire à une poignée de lambeaux rouges.
Le fer, peu à peu, prolifère, envahit le sol; ronge l'espace.
Ne reste bientôt plus, pour lui donner la réplique, que la terre transpirante, sans vie. En bien des endroits, aussi béante et aussi obscènement nue et gluante qu'une tranchée; aussi écartelée, sanglante qu'une vulve mise à mal par un viol.
Quand le fer est là, partout, il pleut; la chair est flagellée de pluies saumâtres. De pluies corrosives, qui l'attaquent, et contre lesquelles elle ne fait pas le poids.
Elle est cernée. Prise en étau entre l'ombre, le froid et l'acier dur, sourd.
Elle titube sur les cendres; entre les carcasses métalliques et mécaniques, qui sont aussi compactes qu'inhumaines. Là où elle n'a pas de place.


Patricia Laranco.


Un poème en français, de la poétesse roumaine Dana SHISHMANIAN : TU N’Y SERAS PAS.


« Je » n’est pas
c’est une porte
pour qu’Elle rentre et sorte
c’est une sorte
de port
Il rentre Il sort
c’est un vide
pour un corps invalide
la suspension
d’une perle dans une coquille
imaginaire
un champ de blé
pour le vent
le courant
d’une eau vive submergeant
tes mots comme des pierres
un gué impraticable
un obstacle qui te fait avancer
une lame de fond une secousse
une embrasure dans la chair
l’univers
tombé en désuétude
après le retrait
de l’esprit
l’épi
non moissonné
le fruit absent
la rupture des vannes
de la terre sainte
l’onde qui parcourt
l’existant et le non- existant
créant l’espace
le parsemant de particules
aléatoires


dans la fractalité
il y a un sens


tu n’y seras pas







Dana SHISHMANIAN

in Plongeon intime, Editions du Cygne, collection Poésie francophone, 2014

vendredi 27 juin 2014

MOBILISATION POUR LE CLIMAT : AVEC AVAAZ, PARTICIPEZ !

Chères parisiennes, chers parisiens, 


L'équilibre délicat de notre biosphère est en train de basculer – menaçant toute vie sur la Terre. Pour un scientifique de la NASA, c'est le moment de dire Oh Merde, et nous avons besoin d'une réponse à la hauteur pour changer le futur. Les dirigeants du monde se réunissent à l'ONU dans un peu moins de 100 jours-- nous pouvons les forcer à agir en les accueillant avec la plus grande mobilisation pour le climat de l'Histoire, ici-même à Paris:


participez
La dernière glaciation s'est produite en 6 mois. Il a suffi de 6 mois à la planète pour qu'une légion de blocs de glace gros comme des immeubles traverse l'Europe et les États-Unis. Nous avons franchi un point de non-retour: l'équilibre de notre climat a été complètement bouleversé, menaçant même la vie sur Terre -- et beaucoup d'autres points de non-retour sont à deux doigts de se produire. 

Comme dirait un éminent scientifique de la NASA, il est temps de dire 'oh merde' -- et nous avons besoin d'une riposte à la hauteur pour changer le futur qui nous attend. 

Un accord de bon sens pour mettre fin aux énergies sales peut encore nous sauver. L'ONU a convoqué à ce titre en urgence tous les dirigeants mondiaux pour parler du climat, dans moins de 100 jours – soyons des millions à les accueillir lors d'une Journée de mobilisation mondiale pour notre climat, et organisons une énorme manifestation à Paris. 

Des centaines de milliers de membres d'Avaaz ont déjà promis de participer, dans leur ville. Rejoignons-les pour démultiplier la portée de cette mobilisation. Il nous reste moins de 100 jours -- inscrivez-vous pour participer à la Journée du 21 septembre pour le climat à Paris et changer l'Histoire

http://www.avaaz.org/fr/join_to_change_everything_cities_post/?bebOHeb&v=41728 

Lors des points de basculement, le changement climatique se nourrit de lui-même et accélère rapidement, avec des conséquences catastrophiques. Actuellement, le méthane, un gaz 25 fois pire que le dioxyde de carbone, est emprisonné sous la glace. Mais comme la glace fond, le gaz s'échappe, entraînant la fonte de toujours plus de glace. Chaque fonte nous prive d'un bouclier de glace réfléchissante indispensable pour maintenir les températures de notre planète. En plus, l'afflux de méthane et la disparition de la glace entraînent un réchauffement toujours plus important, et une spirale infernale s'enclenche. Et c'est juste un exemple... C'est pourquoi les scientifiques nous disent et nous répètent qu'il faut agir sans attendre. 

Nous savons ce qu'il faudrait faire pour ne pas sombrer dans un monde où ces points de basculement nous détruiraient. Cela requiert une coopération au niveau mondial à un point jamais atteint, et notre mouvement de 36 millions de membres a tout le pouvoir citoyen nécessaire pour forcer les dirigeants de chaque pays -- la France au premier chef -- à agir. Il y a quelques jours à peine, les États-Unis et la Chine ont annoncé des réformes sans précédent de réduction de la pollution dans leur pays respectif – les choses commencent à bouger et dans un peu plus de 100 jours, nous pourrions écrire l'Histoire. 

Un nombre record de manifestants est toujours une démonstration de force en terme d'organisation, mais il n'existe souvent pas de meilleure manière de faire bouger les lignes – de la lutte anti-Apartheid en Afrique du Sud au mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, la manifestation a parfois été la seule manière d'agir. Voici venue l'heure d'utiliser ce pouvoir pour la cause la plus importante de notre époque: notre survie et un futur prospère pour nos familles, leurs familles et les générations à venir.Cliquez ci-dessous pour participer: 

http://www.avaaz.org/fr/join_to_change_everything_cities_post/?bebOHeb&v=41728 

Nous savons que nous pouvons le faire… et faire les choses en grand. Lorsque notre communauté ne comptait que 3 millions de membres, nous avions organisé 3000 actions le même jour pour protéger notre planète. Aujourd’hui, nous sommes 36 millions, dix fois plus! Imaginez ce que nous pouvons accomplir dans la rue ensemble! 

Avec un immense espoir pour l’avenir, 

Emma, Lain, David, Lisa, Ricken, Jooyea, Diego, Michael et tout le reste de l’équipe d’Avaaz 


POUR EN SAVOIR PLUS 

La fonte des glaciers de l’Antarctique Ouest a atteint un point de non-retour (Le Monde) 
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/05/13/la-fonte-de-glaciers-de-l-ouest-de-l-antarctique-a-atteint-un-point-de-non-retour_4415679_3244.html 

Une invitation à l'action contre le changement climatique (Rolling Stone, en anglais) 
http://www.rollingstone.com/politics/news/a-call-to-arms-an-invitation-to-demand-action-on-climate-change-20140521 

Une glaciation en miniature s'étend sur l'Europe en quelques mois (New Scientist, en anglais) 
http://www.newscientist.com/article/mg20427344.800-mini-ice-age-took-hold-of-europe-in-months.html 

Changement climatique: le rapport alarmant de la Maison Blanche (Le Nouvel Observateur) 
http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20140507.OBS6309/changement-climatique-le-rapport-alarmant-de-la-maison-blanche.html 

Plus gros pollueur au monde, la Chine pourrait fixer un plafond à ses rejets de CO2 (Le Monde) 
http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/04/la-chine-pourrait-fixer-un-plafond-a-ses-rejets-de-co2_4431767_3244.html 

Obama s’attaque aux émissions des centrales thermiques (Les Échos) 
http://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/0203534441523-obama-sattaque-aux-emissions-des-centrales-thermiques-1008049.php?U2uSC3w8G56XttPM.99 

Les grandes étapes d’ici Paris 2015 (Site du Ministère du développement durable) 
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-grandes-etapes-d-ici-Paris.html 

jeudi 26 juin 2014

François TEYSSANDIER (France).

Pages blanches
Eblouies par la lumière

Ces flaques
De vent

Qui se déposent
Sur les pierres

Où tu graves
Le chant de tes mots



François TEYSSANDIER

L'Île Maurice secrète de Rachid KARROO.

LA VÉGÉTATION.






Arbres enchantés.





 
























LA TERRE.




A Chamarel.





























LES BÊTES.































LA LUNE.



Pleine lune du 13 juin 2014.
















LA VILLE.

























LA MER.





















































LE SOLEIL.
































































Photographies : Rachid KARROO
(Tous droits réservés/All rights reserved).

mardi 24 juin 2014

Réactions, réflexions...

Le Temps n’est qu’une série de soubresauts, de convulsions au cours desquelles les secondes-mères, inlassablement, expulsent les secondes-filles de leurs entrailles avant de mourir d’épuisement, tuées par leur effort de parturientes – ou bien, peut-être, d’animal invertébré soumis à la mue.
Chaque instant n’est que l’éphémère matrice de l’instant qui va suivre. Tout comme les êtres vivants, les instants passent leur temps à se reproduire – à jeter dans le vide le crachat de l’immédiat après qui les continue. Ils sont, en quelque sorte, des « cellules vivantes » qui se dupliquent. Chaque grain de temps est lourd non seulement de lui-même, mais du grain de temps qui s’apprête à lui succéder.





Le sexisme masculin – désigné aussi sous le vocable, plus classique, de « misogynie » - ne se nourrit pas seulement de « malaise face à la différence ». Il témoigne aussi – et infiniment – de l’immense difficulté qu’ont les hommes à faire le lien entre les choses de la sexualité et les « choses de l’esprit ».
La gêne que leur cause à presque tout coup toute présence féminine – et d’où procède, pour une bonne part, ce fameux désir/besoin de « rester entre hommes » - se rapporte non tellement à « la Femme » en elle-même qu’à la pulsion sexuelle que celle-ci éveille (réveille) en eux. Au-delà de la femme, ce qu’ils voient, c’est la Chair ; l’anti-esprit par excellence.
C’est ce qu’ils craignent, désirent et rejettent, exilent de la culture ; avec passion. Et pour cette raison ils aiment à croire que la culture est « une affaire d’hommes ». Ils « règnent » dessus, faisant volontiers abstraction de leur propre dimension sexuée. Les femmes doivent porter tout le poids du « péché originel ». Une façon, parmi d’autres, de repousser, de nier sa condition d’animal. Alors que leur autorité même – au combien pesante, écrasante, quand ce n’est pas même destructrice – est celle du mâle dominant, bourré de testostérone, donc…sexuée en diable !
On a même été jusqu’à prétendre que l’humanité de sexe masculin aurait créé la culture dans le but d’impressionner et de séduire la gent femelle. Que l’augmentation en taille et en complexité qui a touché le cerveau humain n’aurait été qu’un simple outil de sélection sexuelle, de séduction mâle, au même titre que les couleurs « flashy » du plumage et le chant de certains oiseaux mâles qui, comme chacun le sait, adorent se « donner en spectacle », ou encore les bois des cerfs.
La femme (Femme ?) exerce sur l’homme un réel pouvoir fascinateur. Elle l’ « hypnotise » et, avouons-le, ce pouvoir lui brouille souvent les idées.
C’est parce qu’il y a sexe, qu’il y a sexualité que la gent masculine, dans sa très grande majorité, craint les femmes et leur attribue soit des « pouvoirs sacrés », soit d’autres pouvoirs, quasi diaboliques.





L’Homme est, par essence, un animal qui se vit dans et par le dédoublement. L’édifice que constitue sa pensée (sa conscience réflexive, ou encore, dit un peu plus familièrement, son « crâne plein ») forme désormais une espèce de bloc, susceptible de mener sa vie propre, car recelant des abîmes de complexité.
A elles deux, la pensée et la créativité propres à l’espèce humaine ont distancié leur porteur non seulement du réel qui l’entoure (puisqu’il le sonde sans cesse) mais encore de lui-même, puisqu’il a fait même de lui-même son propre objet d’étude et de questionnement.
Rien, pas même sa propre personne, sa propre nature, n’échappe au « pourquoi ? » envahissant de l’être humain.
Au stade où nous en sommes arrivés, nous avons atteint une position où non seulement nous observons et analysons sans relâche notre environnement (la nature physique) mais où, en sus, nous observons et analysons nos propres démarches d’observation et d’analyse.
Grâce à la conscience, cette étrange chose, nous nous regardons regarder. Notre conscience, à son tour, se dédouble, comme une poupée-gigogne.





En « sécrétant » de la pensée, l’Homo sapiens a créé un plan d’existence totalement inédit.
Il s’est peu à peu transformé en véhicule d’une véritable émergence, en support d’une sorte de nouvelle dimension, immatérielle : celle des idées, mais aussi celle des représentations et des images.
Sa maîtrise de l’abstraction l’a irrémédiablement entraîné vers une dématérialisation de son être, sans cesse croissante.





La pensée, ce n’est pas autre chose qu’une autre dimension. Une dimension supplémentaire, et dégagée du matériel.
Grâce à la pensée, à l’abstraction, nous échappons à la matière.





La pensée ne fait pas que nous dédoubler. Elle nous dématérialise.





La vie nous confronte de manière récurrente – voire incessante – à la nécessité de renoncer, de métaboliser la « frustration ». Savoir bien renoncer et sublimer est donc, dans cette perspective, un indéniable avantage.





Impressionner les femmes ; se faire admirer d’elles.
Pour la plupart des garçons et des hommes, c’est une seconde nature.
Ils confondent trop souvent amour avec soumission, avec allégeance. Si ce n’est avec domination.
En sorte que la plupart des femmes – ne serait-ce que pour ne pas avoir affaire à leur contrariété, assez fréquemment et assez rapidement relayée par de la colère (quand ce n’est pas, même, par de la violence) – en sont réduites, lorsqu’elles en aiment un, à une véritable et passablement grotesque comédie. Elles soutiennent, elles maternent, elles s’effacent (comme on leur a si bien appris à le faire), car elles savent, plus ou moins confusément, que c’est à ce seul prix qu’elles obtiennent ce qu’elles veulent : la paix (relative), l’harmonie du couple et, par-dessus tout, un cadre de vie équilibré pour leurs enfants.





Nous ne serons vraiment nous-mêmes – c'est-à-dire nous en tant qu’identité globale, fixée et définitive, donc pleinement repérable – qu’au seul moment de notre fin.
Car tant que nous nous bornons à être ce que nous ne cessons d’être entre la naissance et la mort, à savoir des créatures en devenir, profondément mouvantes, changeantes, prises toutes entières dans un mouvement dynamique perpétuel, qui n’en finit pas d’enchevêtrer, de brasser les complexités, nous sommes des êtres provisoires, plastiques, aux contours au fond flous, qui, par leur nature profonde même, déjouent tout essai de rattachement à une identité qui soit définie et donc, sûre.





Qu’est-ce qui sculpte, qu’est-ce qui détermine la personnalité d’un être ? Qu’est-ce qui modèle son destin ?
Y a-t-il une sorte de « fil conducteur », une manière de « logique » qui présiderait au cours de chaque existence ?
Il n’est, encore aujourd’hui, de réponse à toutes ces questions mises bout à bout que : « mystère ! ».





La conscience a plusieurs étages. Plusieurs planchers. Plusieurs paliers.





Il faut toujours gratifier notre cerveau d’une certaine méfiance.
En effet, s’il est une « machine » à percevoir et à organiser ensemble nos diverses perceptions du monde et de nous-même extrêmement performante, il est aussi une entité qui FABRIQUE de la perception. Et une machine à donner du sens.
Son besoin n’est donc pas seulement de « voir pour croire » ; il est aussi de  « croire pour voir ».





Notre perception de ce qui nous entoure est pleine de « trous », d’accrocs, de vides. Par la force des choses, de par la nature même de notre cerveau.
Des tas d’objets et de phénomènes nous échappent, ou ne nous sont qu’incomplètement perçus. Et donc, se prêtent à des interprétations inexactes ou imparfaites.





Dans toute réussite, il faut compter, ce me semble, avec l’aplomb.
Il constitue, on l’oublie souvent, un atout considérable.





Seules, les « qualités », au sens pascalien du terme, méritent d’être idéalisées ; non les personnes.
Ces dernières, en effet, ne sont, sans exception aucune, que des composites souvent indécis et à tout coup complexes, de différentes « qualités » : positives, négatives ou neutres.





Chacun se demande aujourd’hui, en France, en Europe, pourquoi le racisme a –si j’ose m’exprimer ainsi – « la peau si dure », alors même que, depuis déjà plusieurs longues décennies,  les progrès en divers domaines scientifiques disent et répètent – de façon qui plus est souvent très largement médiatisée – que l’espèce Homo sapiens est une, qu’elle est, dans son ensemble, toutes ethnies et tous groupes confondus, originaire de l’Afrique, que la couleur de peau n’est pas autre chose que le résultat d’une adaptation aux diverses conditions d’ensoleillement qui règnent sur la planète Terre en fonction de la latitude et qu’elle est, au demeurant, un phénomène tout relatif, plein de nuances.
Eh bien, le racisme a la peau si dure parce qu’il flatte les populations qui sont de souche européenne en associant peau claire et appartenance à la culture occidentale à une prétendue « supériorité » qui irait de soi. Il se nourrit de la fierté que procure le sentiment d’appartenir à des ethnies et à des aires culturelles dominantes et dominatrices.
Il est une émanation de l’égo, tant individuel que groupal, collectif.
Il constitue une forme de réaction pathologique à (et contre) la mondialisation désirée et induite par le développement actuel du système néolibéral hyper marchand d’inspiration anglo-saxonne.
Pour ce dernier, l’âge des groupes fermés, l’âge de l’entre-soi strictement national, est obsolète et révolu. Les nations deviennent, à la limite, « encombrantes ». Le monde entier doit se calquer sur la « nation-phare », la « nation-guide » qui, il se trouve, est un melting-pot remarquable par sa créativité, par son dynamisme. Cette nation se veut – et se trouve – désormais à la tête d’un véritable « village planétaire » technologique et mercantile à son image. Elle le contrôle essentiellement au moyen de deux grands « organes » immatériels qui sont la Toile et la fluidité souvent capricieuse de la haute finance mondiale. Tout ceci, bien entendu, bouscule considérablement les habitudes et les points de repère antérieurs.
Le racisme est, bien entendu, pour une très large part, une question d’ignorance. Mais pas que de ça, loin s’en faut… Comment, en effet, peut-on invoquer quelque chose comme l’ignorance dans un univers high-tech où jamais encore n’avait été atteint un tel degré de circulation de l’information, de regroupement des savoirs et, donc, de possibilité de s’instruire et de réfléchir mieux ?
Non, si le racisme persiste et signe, s’il se maintient à ce point à flot à l’intérieur de populations pourtant désormais largement embourgeoisées et largement susceptibles d’avoir accès à toutes les espèces de connaissance, c’est pour des raisons qui ont trait bien plus au déni, à l’encroûtement cérébral, au refus panique des mutations et changements extrêmes qui affectent, en ce moment même, le monde, à la mauvaise foi et à l’orgueil blessé qu’à l’ignorance proprement dite.





Socialiser un enfant, c’est, entre autre, lui apprendre à renoncer à ses désirs, ou bien à les métaboliser, à les transformer, à les « sublimer ».





La parole des femmes, aujourd’hui encore, dérange. A preuve, elles sont, sur l’espace de libre parole que constitue Internet, une cible privilégiée, volontiers victime d’insultes, de harcèlements, de tentatives de déstabilisation et d’intimidation, voire de menaces (de viol, entre autres).
Même là, les hommes semblent avoir quelque difficulté à tolérer leur présence, leur expression dans l’espace public !
Audrey PULVAR, qui a fini par abandonner la lutte sur le réseau social Twitter, Christine BOUTIN et, entre ces deux cas de figure hautement médiatisés et un peu extrêmes, tant d’autres…
Accrochez-vous, femmes ! Ne vous laissez pas impressionner pour si peu !
Si la Toile est, en fait (ainsi que le suggère fortement le documentaire de Roukaya DIALLO sur le sujet, diffusé certain dimanche soir, sur la chaîne LCP, il n’y a pas longtemps) une foire d’empoigne, montrez-vous tenaces, pugnaces !





Par bien des aspects, le sexe est une force asociale, voire antisociale que toute société se doit de contrôler, de canaliser (au même titre, d’ailleurs, que la violence). Bien des sociétés y sont parvenu en déshumanisant cet être pourtant social qu’est la femme, en l’excluant de la culture.
Singulier tour de passe-passe…qui, au demeurant, n’a rien résolu !





La vie en société humaine est pleine de marques, de codes et de masques qui constituent autant de balises. Les « places » dévolues à chacun – qui y sont relativement rigides -  permettent à la fois d’y voir plus clair et de se définir soi-même par rapport aux autres individus, en « épousant un rôle », ce qui, forcément, fait sens, tant pour celui qui le joue que pour ceux qui reçoivent le « message » de son jeu.
« Faire bouger » tout cela est toujours, en conséquence, quelque chose d’assez problématique.





La philosophie ne consiste pas à caresser les gens dans le sens du poil. Mais à leur administrer, bien plutôt, des « électrochocs » bien placés, voire des séries d’électrochocs, histoire de réveiller leurs neurones et de les pousser à essayer de regarder le monde et  l’existence sous d’autres jours, et/ou selon des angles variés, multiples.
Réveiller les gens intellectuellement et spirituellement, accoucher leur âme ainsi que le disait déjà le bon vieux, l’intemporel Socrate, n’est pas chose évidente.
Et cependant, c’est, indubitablement, un service à leur rendre. Car, à terme, ça les enrichit. Même si, sur le coup, ça les « bouscule ».





Quand on est sans grand souci financier, voire carrément membre de la bourgeoisie ou des classes moyennes aisées, rien n’est plus facile que de se monter « cool » et « zen », et de professer l’insouciance, le « tout-fun ». Pour « ces gens-là », qui flottent dans l’angélisme rose-bonbon (ou le « rose PS » ?), tout est beau, et tout le monde est « gentil ». Ecologie et « peace and love » sont les deux seules formes d’ « engagement » à demeurer possibles.
Évoquer les « sujets qui fâchent » - telle la famine en Afrique, ou la triste vie des « nouveaux pauvres  » européens – ne fait que « casser l’ambiance ».
Que voulez-vous, il y a des sujets « glamour » et d’autres qui le sont moins.
On se gargarise de vœux pieux et creux, tels, par exemple, que le « vivre ensemble » tout en restant, in fine, instinctivement confinés dans l’entre-soi, dans la presque exclusive compagnie de ceux qui partagent votre niveau de vie « branché », à la pointe de la culture, et vos idées « larges ». Car, malgré tout, « on ne sait jamais » ; on n’aime pas plus les « affreux, sales et méchants », les « sauvageons » que le bourgeois classique et l’on continue de craindre les cambriolages.
Malgré tout le détachement « zen », « bouddhiste » de bon ton acquis dans les spa ou grâce à la sophrologie, on a des biens matériels, eux-mêmes garants d’un confort auquel on tient comme à la prunelle de ses yeux. Quoiqu’on en dise, on se trouve du côté de ceux qui ont, de ceux qui ont à perdre. Alors, on préfère penser que la « lutte des classes » a été abolie. A l’heure du high-tech tout puissant, elle ne serait vraiment plus « tendance ».
On ne se gargarise plus que d’un seul mot, devenu mantra politique : le mot « démocratie ». Les nouveaux épouvantails sont désormais ceux de l’ « obscurantisme ».
Liberté chérie…et égalité reléguée très loin au second plan. Perpétuation du système et sauvegarde de la « planète ».
Comme si tout cela était –de quelque manière que ce soit – conciliable.
Mais, quand on voit les choses depuis une forteresse, une tour d’ivoire, tout ne l’est-il pas ?





Aucun style de poésie particulier n’a le droit de s’ériger en modèle absolu du souhaitable, ni d’essayer d’imposer ses diktats  au nom d’une sorte d’ « orthodoxie » puriste ou encore, plus simplement,  au nom de « l’air du temps ». Ceci est totalement contraire à la vocation de créativité, de jeu et de liberté langagière qui est, par excellence, celle de la poésie, cette « école buissonnière » de la langue écrite.





Toute vie humaine digne de ce nom se doit d’être un équilibre entre le soi et son interconnexion, son incontournable lien avec les autres.






Soutenir le point de vue que le fond de la nature humaine est égocentrique ne revient-il pas à épouser étroitement et à justifier les thèses et les vœux de ce qui est une idéologie dominante et planétaire : le capitalisme (ou encore libéralisme marchand anglo-saxon) ?
Car, au vu des observations scientifiques contemporaines tout aussi bien que d’après les réflexions philosophiques millénaires, ne constate-t-on pas, au contraire, que l’Homme est, dans une très, très large mesure, un animal social doué d’un très haut degré d’empathie ?





C’est d’une façon totalement instinctive que je suis portée à me méfier des apôtres de la « paix universelle », et de leurs dires, comme de leurs dogmes. Pragmatisme ? Lucidité ? Conscience du fait que l’âme humaine porte le conflit en elle et que le fait de le nier – même au nom des plus nobles aspirations – ne mène à rien (cf. Blaise Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ») ? Conscience du fait que le refus de se lancer dans le moindre conflit implique – de façon patente – le maintien en l’état du statu quo, un statu quo profondément injuste et arbitraire d’inégalités criantes, à la fois entre les sexes, entre les peuples et entre les classes sociales ? Sans doute, il y a de tout ceci.
Le christianisme n’a-t-il pas été, dans le fond, qu’un monumental échec ?






 Le plus beau cadeau que puisse faire la philosophie à un esprit, c'est de l'"assouplir", de lui apprendre à penser par lui-même, à se méfier des acquis et des habitudes. A "digérer" ses connaissances, pour en faire des questionnements. A pouvoir, par dessus tout, souffrir l'absence de certitudes, et la remise en cause des "idées fixes".
La philosophie , c'est, avant toute autre chose, le contraire du "prêt à penser" , et de la pensée fixe, sans recherche. L'antithèse du confort mental.




On lutte toujours contre ses propres mots, contre ses propres textes. C’est ça, la vie d’un écrivain !





L’Homme me parait beaucoup plus mené par l’orgueil que par l’amour. Il n’aime jamais que qui le rassure, ne lui porte pas ombrage, le rehausse ou le soutient, ou encore qui satisfait ses besoins d’ordre sensuel et/ou affectif.





L’individu narcissique se signale par sa soif d’attention ; une soif d’attention  exclusive, et aberrante par son essence même.
Ainsi, il sera, d’une manière quasi « naturelle », amené à assimiler toute présence d’un autre, ou d’autres individus, à une tentative de « détourner » l’attention de lui ; il se méfiera donc des autres.





Quoiqu’on en pense et qu’on en dise, la plupart des gens qui vivent dans des pays prospères, saturés de consommation et de haute technologie, ne sont pas « non-violents » par attirance réelle pour les philosophies orientales ; ils ne le sont – et ils adoptent donc les fameuses valeurs très bobo de « zénitude » et de « peace and love » néo-hippies – que parce qu’ils sont riches, heureux, hyper-individualistes, gavés, passifs et…lâches.





Nous voudrions que certaines choses durent toujours. Cela nous rassure. Les évolutions, en bouleversant, en remodelant l’environnement et les habitudes, non seulement nous contraignent à de réels efforts d’adaptation (comportementaux et mentaux), mais encore, en un sens, en bousculant tout et en remettant en cause nos modes d’être, nous font violence.
Les changements, les « nouvelletés » nous disent, également, que nous avons vieilli, que nous n’épousons plus notre environnement  d’aussi près, aussi bien que naguères. C’est de façon patente, incontournable et quelquefois brutale qu’ils mettent en relief l’action du temps, que nous accusons de plein fouet. Et c’est de ce fait que nous sommes tous, d’une certaine façon, de fieffés conservateurs.





Il n’est guère facile de juger les gens. Compte tenu de l’étendue de la complexité qui est la sienne, toute appréciation, même nuancée, sur n’importe quel  être humain lambda, est forcément  très réductrice.





Nous ne sommes pas ; nous devenons.





Cultiver la lucidité. Même si, bien souvent, elle mord. Pour être moins dupe des choses.





Il faut partir du principe que tout est mystère et que tout est leurre. Que nos seules armes sont lucidité, et distanciation.





Quand se mettra-t-on en tête une bonne fois pour toutes que le comportement humain ne se prête en aucune façon aux analyses simples et simplistes ? Que, du reste et pour parler plus généralement encore, il n’y a, en cet univers, tous comptes faits, que fort peu de choses et de phénomènes qui s’y prêtent ?





L’animal vit ; l’Homme interroge.





Nier la mort, bannir de sa pensée toute notion de finitude est une attitude humaine extrêmement répandue et, cependant, un mauvais calcul.
L’ « apprivoiser », la « métaboliser » en nous, par contre, agit à la manière d’un poison qui nous mithridatiserait habilement, ou d’un vaccin. Cela nous prépare et, surtout, cela nous aide à en avoir moins peur.
Le déni n’est jamais qu’un faux semblant de résolution de tout problème. Cette vérité s’applique également à l’idée de notre propre fin.





Pour le grand manichéisme contemporain qui nous imprègne, le « Bien » se situe du côté de la modernité et de l’abondance.
Et il ne s’agit certes pas d’être du mauvais côté du mur !





Peut-être la question est-elle, au fond, notre seule et unique part de liberté.





Le besoin (dérisoire) de rabaisser l’autre, les autres pour se « grandir » est à l’origine des pires fléaux qui gangrènent l’humanité.





Le monde et l’existence sont, d’abord, des choses qui bougent ; des choses qui chatoient.





En l’Homme, la pensée et la pulsion de savoir induisent une rupture, sans doute unique dans le règne animal et dans l’histoire du globe terrestre. Le fait qu’il interroge le monde et qu’il l’observe si intensément entretient en lui une impression d’extériorité parfois lourde de conséquences.





P. Laranco.