samedi 11 janvier 2014

Un texte de Patricia LARANCO : " LE PAIN ".

Le pain, et son goût un peu râpeux, un peu rocailleux dans la bouche ; sa rugosité poussiéreuse qui investit la caverne du palais, de même que la surface toujours un peu surprise de la langue, aussi sèche qu’un chemin aride  du sud au plus fort de l’été ; sa façon presque âpre de s’accrocher, par rêches copeaux, aux muqueuses buccales et au gosier que, bien souvent,  il laboure des replis montueux, croûteux, torturés de son écorce, ou alors de ses tessons irréguliers, dentelés, dentés, presque aussi aigus que des bris de verre !
Le pain, tout labouré d’ornières-gouffres et d’épines dorsales renflées ; le pain dont je ne célébrerai jamais assez les frustes bourrelets, les cordillères.
Le pain, ce haut pays dressé – qui sait pourtant tant s’adoucir ! Le pain, de chaleur odorante et de pétrissages charnels ; de peau saurienne craquelée et de captivités onctueuses, moussues ; croûte, solidité blonde et resserrée de roc en surface, doux cœur de mie en - dedans ; en secret.
Le pain, cette improbable alliance de sensualité et de tellurisme !

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