lundi 9 décembre 2013

Une PÉTITION du CRAN pour la RESTITUTION AU BÉNIN DES TRÉSORS D'ABOMEY.

Restitution des trésors d'Abomey à la famille royale et au peuple béninois

de CRAN
Paris
Appel pour la restitution des biens mal acquis du musée du Quai Branly, pillés pendant la colonisation.
En 1894, se trouvant face à ses derniers fidèles, le roi Béhanzin leur fit ses adieux en ces termes bouleversants :
"Et déjà ma voix éplorée n'éveille plus d'écho. Où sont maintenant les ardentes Amazones qu'enflammait une sainte colère ? (...) Qui chantera leurs splendides sacrifices ? Qui dira leur générosité ? Non ! A mon destin je ne tournerai plus le dos. Je ferai face et je marcherai."
Vaincu par les armées coloniales, Béhanzin, roi d'Abomey, fut ensuite déporté en Martinique, puis à Blida, où il mourut, solitaire, le 10 décembre 1906. Les trésors de son palais furent pillés et mis à sac par les soldats français.
Mardi prochain, 10 décembre 2013, nous ne voulons pas seulement rendre hommage au roi Béhanzin. Nous souhaitons que les trésors d'Abomey soient rendus à la famille royale et au peuple béninois auxquels ils appartiennent légitimement : au musée du Quai Branly se trouvent les récades royales, le trône de Glélé, les portes sacrées du palais et plusieurs autres objets de grande valeur issus du pillage de 1894 (cliquez ici pour voir des photos). Tous ces biens mal acquis doivent retourner dans leur pays d'origine, où se trouve leur place véritable. 
Le 18 novembre 2005, déjà, une députée française avait saisi le premier ministre à ce sujet en lui adressant une question écrite : 
Gbéhanzin, roi du Dahomey a lutté farouchement pour préserver l'indépendance et l'intégrité territoriale du Dahomey. Malgré sa glorieuse résistance face aux troupes françaises pour s'opposer aux conquêtes coloniales, il a dû signer sa reddition le 25 janvier 1894. L'Unesco, au sein de laquelle la France occupe une place de choix, postule qu'il appartient à chaque État de gérer son propre patrimoine culturel et historique. Le peuple du Bénin très attaché à sa culture ne comprendrait pas un refus de la France à restituer les traces de son histoire glorieuse. Les liens qui unissent le Bénin à la France militent pour la restitution de ces oeuvres d'art.
Malheureusement, cette demande est jusqu'ici restée lettre morte. Cette députée s'appelait... Christiane Taubira. Etant aujourd'hui ministre de la justice, comment pourrait-elle ne pas soutenir la cause que nous défendons à sa suite? Il faudrait de fait que le ministère de la culture et le ministère de l'enseignement supérieur (qui ont la tutelle sur le musée du Quai Branly) organisent cette restitution, tout à fait possible légalement. C'est ainsi, par exemple, que le sceau du dey d'Alger, saisi par l'armée coloniale française en 1830, fut restitué à l'Algérie en 2003.
Mais au-delà des trésors d'Abomey, ce sont de très nombreux autres biens qui, pendant la colonisation, ont été volés, voire pillés, ou à tout le moins acquis dans des conditions très discutables. Ils ont ensuite rempli les collections privées et les musées publics de la France. Dans son Afrique fantôme, il y a longtemps déjà, Michel Leiris a évoqué les violences et les manipulations qui ont rendu possibles ces acquisitions souvent douteuses. Ces objets ont une valeur patrimoniale, artistique, culturelle et spirituelle considérables. Refuser toute restitution, ce serait être coupable de recel, ce serait se rendre complice objectivement des méfaits du passé. 
Quand nos enfants voient dans ces musées les trésors de l'Afrique dépouillée, ainsi exposés comme des butins de guerre, comment leur expliquer que nos peuples sont amis malgré tout ? Il y a mille et une façons de réparer les crimes du passé colonial. L'une d'entre elles serait de restituer les biens mal acquis de la France. C'est pourquoi nous demandons que les autorités françaises réalisent un inventaire national des tous ces biens, et qu'elles engagent un dialogue constructif avec les pays concernés en vue de leur restitution. La politique du dialogue interculturel ne saurait s'accomoder du pillage interculturel. 
Merci de signer et de diffuser cet appel ! Nous présenterons l'ensemble des signatures le 10 décembre prochain au Quai Branly.
Louis-Georges Tin, président du CRAN et Nicéphore Soglo, ancien président du Bénin. 

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