mardi 30 avril 2013

Patricia LARANCO : deux poèmes en l'honneur du printemps.




1.

Feuillages neufs : simples auras,
simples essaims de points légers 
encore à peine matériels, 
à peine arrachés au néant...
brumes aux contours incertains,
aux pointes un peu acidulées
qui ennuagent branches et troncs
de leur vert fourmillant, timide !





















2.

Le printemps,
tel une bouteille de soda
libère les bulles de couleur impatientes
et les place en suspens
entre terre et ciel
où elles grésillent sur l'arc écumeux du jour.




P. Laranco.

lundi 29 avril 2013

Les murs de Paris parlent (heureusement) !



Chavez for ever !















Photos prises dans le XXe arrondissement de Paris, par Patricia Laranco.
(Tous droits réservés)

dimanche 28 avril 2013

Une conférence sur LA ROUTE DE LA SOIE à l'Institut Français de Maurice.

LE JEUDI 02 MAI 2013


à 18h


à l'INSTITUT FRANÇAIS DE MAURICE,
Rose-Hill,
Mauritius.
Tél : 467 42 22


Gaétan SIEW
donnera une 
CONFÉRENCE
intitulée


La route de la soie

ENTRÉE LIBRE



Gaëtan SIEW est un voyageur impénitent. Durant ces vingt dernières années, il a été reçu dans plus d’une centaine de pays et a visité plus de 250 cités sur les cinq continents. En 2011 il s’engage dans une aventure de trois mois avec son fils Kim, sur la Route de la Soie d’Istanbul, Turquie à Xi’an, Chine.

Citoyen du monde né à Maurice, Gaëtan Siew a construit son univers sur le partage et l’ouverture. Président de l’Union internationale des architectes (UIA) de 2005 à 2008, il a rencontré les institutions internationales et les gouvernements en vue de développer une plus grande solidarité. Fort de sa compréhension de l’homme, des villes et des enjeux mondiaux, il continue aujourd’hui sa mission en tant que CEO du Global Creative Leadership Initiative. 

Un texte de l'écrivain mauricien Umar TIMOL sur son rapport à la langue française.


Aimer une langue. Qui appartient à un autre. Qui est de l’ailleurs. Une langue qui demeurera toujours inaccessible. Une langue maîtresse, jaillissement de sang lors de la partition du désir. Mais l’aimer quand même. De toutes ses forces. Vouloir appréhender toutes ses modalités, toutes ses nuances, entrer dans ses absences de même que dans ses lumières, danser selon tous ces rythmes, qui sont si versatiles, se lover autour de son corps, de ses apparences mais aussi bien de sa matérialité, parfois le posséder pour mieux le perdre ou plutôt se perdre, se perdre dans ses aléas, ses refus, ses caprices, se perdre dans son labyrinthe qui n’est jamais que le labyrinthe de tes angoisses. Mais ne pouvoir faire autrement. Es-tu donc le prisonnier de l’histoire, oublieux de la mémoire de la domination ? Es-tu de la quête, confuse et incertaine, du regard de l’autre ? Quête de la légitimité, d’un justificatif ? Regardez-moi donc, je suis de là-bas et je sais ses boursouflures et ses invectives. Je suis l’orfèvre maladroit de votre langue. Sans doute. Mais c’est aussi de l’amour. Tout bêtement. L’appel des mots, la jouissance des mots, mots déployés comme autant de frissons, mots dont la résonance est sans fins, qui percent le théâtre de ta chair, ornée de voiles, mots qui sont des larmes, mots qui sont laves convulsées, jouissance des mots, jouissance à ne plus en pouvoir, donc lire, encore lire, s’imprégner de fragments, des vagabondages de la pensée, de poésie si pure qu’elle défie toutes les ordalies du temps, lire, encore lire, mots devenus saccades, rythmes, lueurs, mots qui se déhanchent, mais qu’importe, allez, partir là-bas, œuvre de possession ou de dépossession, os brisés, mais qu’importe, faire un avec les mots, avec cette langue, avec cette foutue langue mais belle, si belle, langue constellée de cultes, langue ravagée par le levain de ton souffle, mais qu’importe, mots qui larguent nos haines, mots affranchis, mots de tant d’appartenances, de libertés, contraintes et voulues, mais qu’importe, qu’importe. Aimer une langue. Renouer à chaque instant le pacte de nos retrouvailles. Forger avec ses sciures les latences de verbes et de paroles. Fonder ce peuple, celui des vents et des étoiles, qui déferle comme une houle, manifeste des pulsions de toute terre. Fonder tant de beauté pour incinérer les coutumes de la pierre, fonder tant de beauté pour débaucher les enclaves, fonder une langue qui n’est pas cette langue tout en l’étant, qui est de cette langue mais qui la macère, qui la réinvente, langue des origines et langue du dépassement, langue avortée, langue devenue un corps, traversée de toutes parts, saccagée de toutes parts, langue devenue une floraison de possibles, langue-beauté dont l’usage est la récidive de l’éblouissement, ainsi éblouir ceux dont l’indélicatesse est de croire en sa transparence, langue-beauté qui nous élève, langue beauté qui nous brise, langue-beauté, langue-beauté, langue-beauté qui achève de parfaire le linceul de nos scissions. Langue-beauté. Aimer une langue. Qui me naufrage sur une page. Que j’encre. Selon les procédés du désir. Et à force d’amour.




Umar TIMOL.

vendredi 26 avril 2013

La prochaine projection du CINÉ-PHILO de l'UNIVERSITE POPULAIRE DE L' ÎLE MAURICE

LUNDI 29 AVRIL 2013


à 17h


l' UNIVERSITÉ POPULAIRE DE L'ÎLE MAURICE
vous invite à sa séance de 
CINÉ-PHILO :


au BAR LE PETIT JOURNAL
Route Royale,
Forest Side
(Tél 670 0221)


au programme, la projection du
DOCUMENTAIRE 
LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE
de Gilles BALBASTRE et Yannick KERGOAT
(2011)
Durée : 1h 40


La projection sera suivie d'un
DÉBAT
animé par
Joseph CARDELLA







Les médias se proclament « contre-pouvoir ». Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.
En 1932, Paul Nizan publiait "Les Chiens de garde" pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en gardiens de l’ordre établi. Aujourd’hui, les chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, "Les Nouveaux chiens de garde" dresse l’état des lieux d’une presse volontiers oublieuse des valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité qu’elle prétend incarner. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d’une information pervertie en marchandise.


jeudi 25 avril 2013

Des réflexions sur tout et rien.

Chez les animaux complexes (reptiles, mammifères), le cerveau était un organe qui se contentait de coordonner, de "piloter" (de mieux en mieux à chaque palier d'une évolution très progressive) l'organisme de la créature de façon à ce que celle-ci soit la mieux armée possible pour s'adapter à son environnement, pour y réagir efficacement, pour survivre. Mais, chez l'Homme, cet organe a atteint un tel degré d'hypertrophie (superflue ?) qu'il s'est mis à "marcher tout seul", à avoir une vie propre et, finalement, à "occuper toute la place".
Tel est, sans doute, ce qui constitue notre plus grande particularité et aussi notre plus grand mystère. Est-ce survenu par simple "utilité" ou par accident ? Cela devait-il nécessairement, en toute logique, se produire un jour ?



Le temps fait peur.
C'est pourquoi tant de gens restent figés, bloqués dans le passé. Toujours, cette obsession humaine d'agir, coûte que coûte, sur des phénomènes incontrôlables !
La peur du temps est aussi, bien sûr, celle de la transformation, de la mort, de l'impermanence fondamentale. Et elle explique, aussi, l'attachement à la permanence des cadres, des valeurs, des habitudes et des croyances. En un mot, le conservatisme.
La peur du temps donne tout pouvoir au passé sur le présent, sur le futur. De façon on ne peut plus paradoxale, c'est en voulant combattre la mort qu'elle en arrive à vouer un culte à ce qui est disparu, obsolète et qu'en procédant de la sorte, elle cherche à immobiliser, à momifier, à nier les choses vives, dynamiques.
Mais le monde est, dans sa nature même, créativité sans répit. Ce qu'il réclame de l'Homme - comme de tous les êtres - c'est de l'adaptation, de l'évolution.
Ou bien l'on apprend à surfer sur l'impérieuse vague du temps, ou bien l'on se trouve condamné à souffrir et/ou à se réfugier dans la folie.
Le temps est un courant qui ne se laisse jamais impunément prendre "à rebrousse-poils" !



Gardons-nous - et garons-nous - de ces esclavages de l'âme et du corps que sont les addictions et les idées fixes : drogues, alcool, jeu, sexe, amour, accumulation des objets et des biens, télévision, internet, connaissance, argent, pouvoir, travail, maternité, etc. Si j'écris "etc", c'est que, chez l'Homme, au fond, toute activité, toute préoccupation est susceptible de dégénérer en idée fixe aliénante.



Il y a, chez les femmes, de par une tradition millénaire, une éducation au paraître et au centrage sur leur propre corps (et, partant, sur leur propre personne) qui les rend assez peu enclines à s'intéresser à des choses plus abstraites et plus profondes, tout en les prédisposant à un comportement de "reines des abeilles" qui, bien souvent, les expose aux sarcasmes.



Maintenant, nous savons que l'intelligence, que la pensée animales existent. Divers travaux scientifiques menés sur certains oiseaux (les cacatoès et les corvidés), sur les chiens et, bien entendu, sur les singes (macaques et, naturellement, orang-outans et chimpanzés) nous inclinent désormais à soupçonner que la pensée peut parfaitement exister sans qu'il y ait langage, au sens humain du terme. Il existe une autre forme de pensée, de mémorisation, de représentation mentale : par images.
Les animaux associent des idées, font des liens, se souviennent sous forme imagée. Dans certains cas, ils se révèlent en mesure d'accomplir certaines opérations mentales complexes avec une rapidité qui fait défaut aux enfants humains d'âge pré-langagier ou, même, à ceux qui ont entre deux et trois ans.
Alors ? Que leur "manque"-t-il ? Et pouvons-nous vraiment comprendre ce qui se passe dans leur tête ?
Pourquoi est-ce nous qui avons atteint un tel degré d'ingéniosité, de conscience, de complexité cérébrale ?
Quel rôle le langage humain - en particulier la syntaxe, qui leur demeure inaccessible - a-t-il joué ?



Le monde qui nous entoure fourmille de questions. C'est une forêt de points d'interrogation vertigineuse .



Les médias occidentaux adorent faire dans le sensationnalisme à coloration "exotique". Surfant sur la vague féministe qui secoue actuellement (et avec raison) le monde, ils nous matraquent à tour de bras d'images de femmes voilées, claustrées, lapidées, maltraitées, agressées, violées -voire assassinées - dans les contrées musulmanes du monde oriental et d'Afrique Noire.
Cela donne une vision complètement déformée, outrée de l'islam.
Bien entendu, malheureusement, ces cas existent, et il ne saurait être question de les passer sous silence, de ne pas les dénoncer.
Mais alors, si l'on veut faire dans la "croisade" féministe, il faut aussi parler - de la même manière - de ce que continuent de subir les femmes dans les pays où elles sont soi-disant "libérées" : pornographie  prostitution, violence domestique, droit de cuissage, harcèlements ( au travail, dans la rue)...L'affaire Strauss-Kahn est-elle moins choquante, moins révoltante que la contrainte que font certains hommes musulmans à leurs femmes de porter burqa ? Le nombre alarmant de serial killers aux USA est-il plus réjouissant que le nombre de lapidations en Afghanistan, sans parler de la fascination que ces sauvages "chasseurs" et destructeurs de femmes suscite dans le public occidental ?
Il n'est pas, hélas, de pays, de culture où les femmes n'aient pas à subir le mépris, la brutalité, la répression sous une forme ou sous une autre et, en Occident, quoiqu'on tende à nous faire accroire, ces problèmes-là sont loin d'être résolus.
Le véritable féminisme consiste à balayer devant toutes les portes et, en aucun cas, ne doit devenir prétexte à leçons de la part de ceux qui, par leur domination (technologique, économique, financière, militaire, culturelle) écrasent tout.



La défection pour la poésie, sans doute, s'explique par bien des facteurs. Mais l'un des principaux ne serait-il pas ce que les traditions et les institutions (en particulier l'école) et le culte des "grands auteurs" en ont fait (en tout cas en France) de compassé, de rigide, d'intimidant, de bourgeois, d'incompatible avec toute forme de spontanéité, toute pulsion d'amusement, de jeu ?
Peut-être les poètes se prennent-ils trop au sérieux pour séduire...Peut-être parlent-ils trop de contraintes, et pas assez de plaisir...Peut-être font-ils trop la leçon...







Patricia Laranco.

mercredi 24 avril 2013

Littérature mauricienne : le site de la revue "L'Atelier d'écriture", de Barlen PYAMOOTOO.

https://sites.google.com/site/latelierdecrituremaurice/atelier

Une mini-nouvelle de Patricia LARANCO : "GENERATIONS FUTURES".


Je glissai mon pas hésitant.

Tristesse du béton blafard.

Puis j’escaladai les tribunes.

Sur les gradins, des tas d’enfants.

Des kyrielles d’enfants assis, tous, sans exception, les mains jointes nichées entre leurs  genoux serrés qui tous balançaient en cadence.

Des grappes d’enfants, aux regards moqueurs. Qui étincelaient d’ironie.

Brusquement, comme dans un cauchemar, je vis un des enfants sourire. Horreur ! Il arborait  d’énormes, d’épaisses, de longues dents, très pointues,aussi pointues que des coutelas. Des  canines de tigre à dents de sabre.

Son regard pétilla de plus belle, et je fus prise, derechef, d’un malaise salement ébranleur, qui  s’assortit d’un mouvement de recul, d’un mouvement de pur réflexe. Et sur ce (par   mimétisme ?), les autres enfants sourirent aussi. Leurs énormes, épaisses, longues dents très  pointues de carnassiers se dévoilèrent.

Ils m’apostrophèrent, en se tortillant sur les gradins, d’un air gêné. Cependant, la lueur  frondeuse de leurs yeux démentait leur attitude.

 « Vas-y, monte ! » m’exhortaient-ils, de  leurs voix rieuses et suraiguës.

Mais moi, je ne pouvais plus gravir, avancer ; je me statufiai. Quid de ces bambins au teint  frais, mais à la dentition de fauves ?

Au bout d’un moment, je constatai qu’un filet de bave coulait de leurs dents. Plus ils me  fixaient, plus leurs yeux devenaient pareils à des billes de verre…ou même à des pépites d’onyx :   durs,  d’une minéralité troublante !

Une onde de panique se répandit le long de ma colonne vertébrale, tandis que, dans mon  esprit s’imposait l’idée d’une menace imminente.

La montée d’adrénaline me submergea, m’ordonna de déguerpir.

Je tournai les talons brutalement et me mis de suite à détaler en sens inverse, dévalant les  gradins de toute la force dont étaient capables les muscles de mes jambes.

Une sinistre clameur – inhumaine – accompagnait ma fuite,et, tout en continuant à courir, je  plaquai mes paumes sur mes oreilles : que n’aurai-je pas fait pour ne plus entendre cet insupportable grondement, cette horrible déferlante de son bestial, qui paraissait me  poursuivre ?



Patricia Laranco.
(2009)

dimanche 21 avril 2013

A l'UPIM, une conférence-débat sur Arthur SCHOPENHAUER.

Le JEUDI 25 AVRIL 2013,


de 17h à 19h,


à la SALLE DU CONSEIL de la MAIRIE DE PORT-LOUIS,


l' UNIVERSITÉ POPULAIRE DE L'ÎLE MAURICE
(UPIM)


vous convie à une
CONFÉRENCE-DEBAT
de
Joseph CARDELLA,
professeur de philosophie au Lycée des Mascareignes et responsable de l'UPIM


intitulée
UN HEUREUX PESSIMISME : ARTHUR SCHOPENHAUER





Le XIXe siècle voit l’essor de ce qu’on va appeler, à l’époque même, le capitalisme, régime économique qui aura des répercussions dans tous les domaines de la vie. Les sociétés européennes, puis bien plus tard une grande partie des sociétés de la planète, se transforment en sociétés commerciale et industrielle. Ces changements vont causer des effets qui vont être remis en cause par des visions du monde qui auront pour nom socialisme, communisme et anarchisme. Certaines philosophies (dans les domaines politique, économique, sociale) pensent le bonheur collectif, et d’autres réfléchissent sur le bonheur individuel. A partir de là des conceptions utopiques se mettent en place pour pouvoir les atteindre. La compréhension des divers mouvements de ce siècle restent essentiels pour comprendre nos sociétés actuelles, et le bonheur, vieille quête de plusieurs millénaires, reste aussi toujours d’actualité.

Un poème de Patricia LARANCO, " HIROSHIMA ".




HIROSHIMA.


Quand les oiseaux-terreur se couchent, énormes, au fond du paysage
pour dormir et pour couver leurs œufs de faïence craquelée,
bleue
l'horizon recule et le tonnerre se prépare à faire rouler
ses muscles sous la fine pellicule poudreuse, ombreuse du ciel.
D'un bout à l'autre de la terre moite aux longs plis dénudés
le couvre-feu met un répit au bruit de ferraille des becs,
la nappe de menace lévite, juste au-dessus du sol
c'est comme si le monde se repliait tel un éventail

Qui demain décidera de
la nature de la clarté ?
Qui ira rameuter l'arôme velouté de la pluie ?
Peut-être a-t-on mis en branle quelque secret compte à rebours
dissimulé dans chaque vergeture de la terre stérilisée ?

Si d'aventure, en tous les cas, il y avait encore
des yeux
pour regarder et pour attendre l'aube aux étoiles de pluie
sans doute n'apercevraient-ils que quelque lune au ventre lourd
et au masque de pendule accrochée bas sur l'axe du ciel
et puis...comme ponctué, rythmé, tronçonné par ce dur tic-tac

ce désert pourpre, planté de bataillons de piques noircies,
de squelettes bien creux d'églises aux feulements radioactifs

***

Le monde exhale la vacuité de ses multiples à-jours
tel un appel,
arraché au tréfonds d'un gosier qui pue,
auquel on cherche à attribuer
forme pure
de pyramide.












Texte et gouache sur papier de Patricia Laranco
(Tous droits réservés)

samedi 20 avril 2013

Un APPEL À CONTRIBUTIONS pour le NUMÉRO 11 de la REVUE SYCHELLOISE "SIPAY".


Le thème du numéro sera : DOUCEUR DES MOTS
Les textes que vous pouvez envoyer : des poèmes (de 40 lignes maximum), des extraits de prose, des nouvelles  (une page A/4)
Les langues utilisées devront être, obligatoirement, les trois langues nationales des Seychelles (français, anglais, créole)
La date limite d’envoi des propositions est le 1 juillet 2013
Prière d'envoyer vos propositions en pièces jointes accompagnées d’une bio-bibliographie (environ 1000-1500 signes) à l’adresse suivante :


mvijayku@intelvision.net

Un texte du talentueux poète belge Arnaud DELCORTE.


LE MONDE FURTIF.


Riche est le message des regards

Au retour des fils de l’aurore

L’effet d’un miroir sur les lèpres

Et l’éveil d’un assortiment bouleversant

L’inconstance des soleils à la pointe des seins

Deviennent

Synonymes de fermentation 






Arnaud DELCORTE 
in Ogo, L'Harmattan, 2012. 

Actualité musicale africaine : Femi KUTI.

Femi KUTI, fils du célèbre musicien Fela Kuti, continue de manier l'Afrobeat comme une arme. Dans son dernier clip, The World Is Changing, visible en exclusivité sur le HuffPost ci-dessus, le musicien d'origine nigériane dénonce l'état dans lequel est le continent africain. "






à voir et écouter la suite sur le HUFFINGTON POST :

http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/19/femi-kuti-clip-the-world-is-changing_n_3116016.html?icid=maing-grid7%7Cfrance%7Cdl3%7Csec1_lnk3%26pLid%3D173243

vendredi 19 avril 2013

Le PROGRAMME des ATELIERS SLAM du COLLECTIF MIC ET CRIS, à l'INSTITUT FRANÇAIS DE MAURICE.

AVRIL 



ATELIERS SLAM 
Samedi 20 avril 14h /- 16h 
Samedi 25 mai 14h /-16h 
Samedi 15 juin 14h /-16h
samedi 29 juin 14h/16h 






Institut français de Maurice
Rose Hill
T : 467 42 22






Entrée libre 








Avec de nombreux animateurs issus de la zone océan Indien, le collectif Mic et Cris propose chaque troisième samedi du mois des ateliers ouverts à tous, amateurs comme avertis. Venez jongler avec les mots et découvrir cette poésie orale qui chaque année gagne en ampleur à Maurice !

POÈTES EN RÉSONANCES, à Paris.

Un poème de France BURGHELLE-REY.

Dans le consentement des choses au temps qui passe
ma barque glisse entre les roseaux du soir
et j'assiste enfin à l'envol des passereaux
mais la brume se fait fumée
et les dissimule à mon regard

Quand plus tard baisse la fièvre du jour
les ramures se taisent après le vent
et deviennent le refuge d'un peuple muet

Moment de grâce pour la nuit de mes mots qui cherchent ton visage
consolante sève de ma vie sans toi






France BURGHELLE-REY.

jeudi 18 avril 2013

Encore quelques sujets de réflexion...


En un sens, on peut dire que la croyance en une chose la rend réelle.



Un être dont on a esquinté l’enfance peut, à bon droit, se dire, lorsque vient l’hiver de sa vie : « elle se finit sans avoir jamais commencé ; n’est-ce pas étrange ? »



La science et la philosophie sont, par essence, subversives. Car elles contournent sans cesse les croyances, les certitudes, d’un « pourquoi ? » retors. Sans trêve, leur curiosité, leur sens de l’observation et leur ingéniosité élaborent des angles d’approche inédits et des perspectives nouvelles, un peu comme un photographe qui jouerait avec la lumière, la suivrait dans ses variantes, ses facettes innombrables, mobiles, pleines de surprises toujours renouvelées.
La complexité de la pensée humaine et celle du monde se répondent.
Elles ont entamé un dialogue qui, en un certain sens, tient beaucoup du jeu de miroir.
En un certain sens, l’univers avait besoin du cerveau humain.



A travers la vieillesse, ce que les êtres humains ne tolèrent pas, c’est le spectacle universel de l’entropie, de la dégradation à l’œuvre au plus intime d’eux-mêmes.


Les choses qui dérangent et donc, surtout, il faut éviter de parler autrement que sur le ton apitoyé et lointain de la « dame patronnesse » : il y a des pauvres. Il y a des gens qui baignent dans une opulence qu’on pourrait qualifier d’ « obscène » et des gens qui, par la faim, sont réduits à l’état de squelettes. Il y a des gens qui volent et qui se prostituent – quand ils ne prostituent pas, même, leurs enfants – pour se nourrir. Il y a des gens qui vivent sans eau courante, sans électricité, sans l’indispensable hygiène obsessionnelle, sans le « confort moderne » qu’on croit indispensable à toute vie humaine. Il y a des milliers de gens que l’ensemble de la société accule au rabaissement, à la honte d’être pauvre, et les abreuve, au surplus, de leur mépris à peine voilé !
A l’heure où tout le monde sait tout, du fait de la circulation fulgurante de l’information, de sa diffusion en temps record aux quatre coins de la planète, il y a –inexorable état de fait – des choses comme ça qu’on prend le parti d’ignorer ou de banaliser. L’égoïsme ordinaire est si facile à solliciter, à mobiliser, à manipuler. L’intérêt personnel, l’indifférence, la peur sont si aisés à mobiliser, dans des sociétés d’hyper abondance et de protection maximale qui entretiennent, pour les besoins du système marchand – si intensément les cultes du jouir individuel «  sans entraves » et du « self development » !
Au fond, « humanisme «  et amoralité semblent plutôt faire bon ménage… les vocables « libéralisme » et « libertaire » n’ont-ils pas la même racine ?
Quoiqu’il en soit, les démunis, les « damnés de la terre », ceux dont un véritable (et vertigineux) fossé entre deux niveaux de vie nous sépare, ne vivent pas « sur une autre planète » mais bel et bien sur la nôtre. Loin de souffrir d’une « inaptitude », ni d’une « inadaptation », ni d’une « carence » congénitale qui en ferait des êtres « sous-développés » par nature (ou bien par leur faute), ils possèdent la même essence humaine que nous. Le fait que nous ne les regardions jamais autrement qu’avec gêne, avec une sorte d’horreur « sacrée » n’y change strictement rien.



Les bobos ont des préoccupations superficielles et naïves d’enfants gâtés façonnés par les modes et les médias de la société d’abondance capitaliste (ou social-capitaliste), qu’ils voudraient imposer au monde (si persuadés qu’ils sont que leur façon de vivre est, par essence, la meilleure). Ils s’imaginent que ce dernier ressemble à leur petite tour d’ivoire pleine d’états d’âme, à la pointe de la « branchitude ». Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’entre eux et le reste de l’univers, le fossé se creuse.



L’Homme, dans son entier, est lien. C’est dans le lien qu’il se façonne. D’où le fameux « je est un autre ».
C’est le lien social fort, étroit qui a façonné son intelligence avancée, unique dans le règne animal. Son cerveau possède en son sein une multitude de neurones-miroirs jamais égalée jusqu’à présent dans l’ordre des mammifères, même « supérieurs ».
L’être humain est sans doute « l’animal communiquant » par excellence, et son besoin de proximité avec ses congénères est tel que la solitude, l’isolement, l’absence d’échange avec eux le font basculer dans la désespérance profonde, voire dans la folie.
Le cas des « enfants sauvages » est là, d’ailleurs, pour le démontrer : si, à un certain âge (très tendre et très limité dans le temps), il se trouve privé du contact avec ses semblables, il rate jusqu’à son humanisation même, sans qu’il y ait vraiment possibilité, par la suite, de rééducation, de « rattrapage ».



Qu’on ne vienne pas me chanter que les fantômes n’existent pas.
Les fantômes, ce sont des disparus, des perdus, des manquants qui, à l’intérieur d’un groupe, d’une famille, peuvent quelquefois, nonobstant ce fait, prendre la presque totalité de la place. Des entités qui, à partir de l’éraflure de vide qu’elles laissent dans leur sillage, en viennent, dans certains cas, à atteindre les proportions monstrueuses d’une sorte de trou noir grand ouvert, dont l’immense plaie suppurante n’en finit pas de s’enfler, de balayer, de jouer les aspirateurs, d’attirer vers sa rotation folle, vorace, jamais rassasiée la plus grande partie de la matière vive qui demeure disponible aux alentours.
Un fantôme, c’est une turbulence du passé, de sa masse nébuleuse, qui se convertit en cyclone. C’est une hypertrophie du manque, de l’amputation secrète des êtres, qui en arrive à se hisser aux dimensions mortifères d’un vortex.
C’est une intensité de perte qui empiète, envahit. Déborde. Une densité, une manière de masse tumorale en creux qui, sans discontinuer, capte, happe les forces restées intactes de la substance vivante. Qui nous parasite, jusqu’à nous laminer, nous sucer, nous vider de nous-mêmes.
Oui, c’est bel et bien exact, les vrais spectres ressemblent au Comte Dracula : ils ont besoin, pour alimenter leur ombre, leur faux-semblant, de sang bien rouge, comme de vie et de chair bien fraîches ; de ce fait, ils détournent vers eux l’eau dynamique, féconde du présent, tout à fait comme on détourne le cours naturel d’une rivière. Ils monopolisent tout ce qui peut être monopolisé ; ils réclament, telles des couvées d’oisillons aussi piailleurs que pilleurs qui en désirent toujours davantage…
Si l’on n’y prend pas garde, ils sont susceptible de nous entraîner avec eux « là-bas », sur l’autre versant du monde, là où ils sont ( là où leur absence, leur exil insupportable les maintient, les relègue) en tous points de la même manière que les anciens tyrans obligeaient leurs fidèles serviteurs, leurs cohortes de courtisans et de concubines à les suivre au tombeau  par processions entières, lors de sacrifices humains aux cérémonies aussi solennelles, sacrées que barbares.
Avant d’avoir peur de la mort, l’humanité a eu peur DES MORTS.
Et n’avait-elle pas raison ?...








Patricia Laranco.